L'un et l'autre ?

Où mieux qu'à Notre Dame de Marceille faut-il apprendre à s'ouvrir le regard et à recouper ses sources ! Cette source ne sourd-t-elle pas à petites gouttes à l'image de nos avancées laborieuses dans la connaissance des mystères de ce sanctuaire.

 

Notre Dame de Marceille : Le porche et le cadran solaire

La notice de l'abbé Escargeuil

Presque 43 ans après la visite précédemment exposée (voir ici)  et donc en janvier 1881, selon l'imprimatur relevée sur l'ouvrage, était publié par les Éditeurs Parer (40, rue de la préfecture à Carcassonne) et Pendariés un petit opuscule signé d'un certain J. E. et nommé : 

"Notice sur Notre Dame de Marceille à Limoux sur Aude." (1)
 
Sous ce J.E. se cachait l'abbé Jacques Escargueil, curé de Tourouzelle (aude) et heureux donateur de quelques 70 messes à notre très "révérend" Bérenger Saunière, ce qui devrait alerter notre vigilance. 
L'ouvrage sera réédité en 1893 alors que Mgr Billard devient le propriétaire d'un sanctuaire sans doute en recherche dune seconde vie plus "lucrative".
Le petit livre rouge est une rapide description du sanctuaire, des cérémonies du couronnement de la Vierge et il se termine par des prières, cantiques et mystères du rosaire.

Voici sa description de la nef au chapitre 3 p14 et suivantes :
"La nef est surmontée d'une voûte hardie et légère. Elle renferme une chaire habilement sculptée et de précieux tableaux. 
Nous signalerons : 
1°) celui où est représenté la tentation de st antoine. 
2°) le tableau d'Ambroise Frédeau.
On y voit un moine qui dans le silence de la nuit écoute les mélodies célestes. Ce tableau fut placé en 1684."

Date confirmée par un autre auteur Robert Debant dans son "Notre Dame de Marceille" (2), texte assez court et  paru lui en 1973 sous l'égide du congrès archéologique des pays de l'Aude et dont la valeur essentielle réside dans... ses notes ! Cependant, il nous apporte la précision suivante :

" L’église possédait aussi, depuis 1644, au moins, un Saint Antoine et elle avait d’ailleurs passé commande, en 1655, à un artiste narbonnais, Lavernye, d’un « saint Pol ermite dans le désert avec l’image de la Vierge "qui fut payé en 1658.

Lavernye qui doit très probablement être Lavergne, peintre narbonnais qui décora certaines églises de l'Aude de toiles assez correctes comme celles présentes encore aujourd'hui dans l'église de Cestas. Quant à
Saint Pol Aurélien l'ermite tueur de dragon, étant  né vers 492 à Glamorgan dans le sud du Pays de Galles où naquit aussi dit-on le roi Arthur, il ne peut s'agir de lui mais du Saint Paul de Thèbes. Seul ce dernier ayant connu le désert.

Jacques Escargueil n' a aucune raison de nous mentir en 1881 ou en 1893, ses écrits seront diffusés et lus attentivement. 
Il y a donc bien à cette dernière date de 1893 une tentation de St Antoine d'auteur inconnu, comme indiqué dans la revue "La mosaïque du midi" et ... un tableau attribué à Ambroise Frédeau :

-"l'ermite st Antoine dans une grotte éclairé par une lampe et par un rayon de la lune".
selon l'abbé Gasc en 1859
-"ce tableau du frère Ambroise Frédeau, représentant un moine de l'ordre de st antoine de viennois, qui au milieu de la nuit, parait écouter un concert céleste"
selon le même Gasc en 1876
 - " un moine qui dans le silence de la nuit écoute les mélodies célestes. Ce tableau fut placé en 1684". Selon Jacques Escargueil en 1881 et 1893 et dont les termes mêmes nous incitent à penser qu'il s'est "inspiré" de son confrère.
-"
la tentation de saint Antoine est justement considérée comme une œuvre de grand mérite." Nous dit Louis Fédié en 1890
A moins que tout ce beau monde ne se soit légèrement mélangé les...pinceaux !

Christian Attard

Notes et sources :
(1) - Jacques Escargueil : Notice sur Notre Dame de Marcelle à Limoux sur Aude - Parer 1881 
(2) - Robert Debant : Notre Dame de Marceille - Paris 1973
Retour vers la Reine