L'âne Aliboron




Gravure Reynier


Tableau de la tentation de Saint Antoine sur la gravure de Reynié (dessinateur) et Certain (graveur)




On pourrait se souvenir de certaines querelles qui opposèrent durement certains chercheurs à propos d'un tableau attribué à Mathieu Frédeau dans l'église de Notre Dame de Marceille, près de Limoux, comme on pourrait les avoir ignorées ou oubliées.
Rappelons que les tensions se firent autour de la qualité du personnage représenté. Etait-il autrefois un Saint Augustin, fut-il toujours un Saint Antoine ? Qui le peignit vraiment ? Car il fut tour à tour attribué aux deux frères Frédeau ?


Après avoir retrouvée et analysée une gravure soigneusement conservée par le musée Petiet de Limoux, il semblait que le doute était enfin levé. Comme on peut le voir sur l'image ci-dessus, un monstre surgissant du bord haut et droit de la cavité du bon ermite attestait de la tentation dans ses représentations les plus classiques. Pourtant cela ne semblait pas encore convaincre le dernier bastion des incrédules les plus acharnés y compris parmi les conservateurs du sanctuaire.



Pandore 1861




En septembre 1861, paraissait à Carcassonne le n° 44 d'un journal qui n'eut pas très longue vie, il se nommait Panurge et était dirigé par M. Fortuné Henry. Il relate dans un premier article ce qu'était en ces temps le pèlerinage de Notre Dame de Marceille. L'auteur de l'article s'indignant, à juste titre, de l'incroyable aubaine commerciale que représente ce rendez-vous en principe pieux pour les prêtres responsables du sanctuaire. Il note que sur la porte de l'église un écriteau est placé portant cette réclame : "Le public est prévenu que l'on trouve à la sacristie un grand assortiment de bijouterie religieuse à des prix avantageux" !
Voilà qui laisse songeur sur la haute piété d'Henri Gasc, l'aumônier de l'église qui n'a pas du se souvenir de l'épisode de Jésus et des marchands du Temple.
De part et d'autre de l'entrée de ravissantes personnes font la quête, on y inscrit sur un registre les intentions de messes et cela durant une quinzaine de jours. Voilà aussi qui permet de mieux comprendre comment se constituait la petite fortune de Notre Dame de Marceille et pourquoi il était si intéressant d'en être le responsable.

Mais le plus intéressant n'est bien sûr pas là, car notre visiteur va nous raconter une partie de l'histoire de notre tableau préféré :




Panurge 2





Et nous y voilà ! Le tableau ne fut jamais qu'une tentation de Saint Antoine de Frédeau outrageusement massacrée par un prêtre qui compte tenu de ses prétentions à vouloir peindre ne peut être qu'Henri Gasc, le grand massacreur du sanctuaire ! Sa pudibonderie outrée par la vision de cette femme dénudée tentant le viel ermite lui a fait commettre deux fois l'irréparable. Une première fois en masquant cette dame par une sorte de diable araignée que montre clairement la gravure de Reynié, une seconde fois en badigeonnant salement sa retouche par du goudron.

Christian Attard





St Antoine de Brenac


La tentation de Saint Antoine de la chapelle de Brenac (Aude) a échappé aux pinceaux d'Henri Gasc !
(Photo Ch. Attard)


Retour vers la Reine