Marcel Loupiac n'a rien vu !




  ouvrage Marcel Loupiac




On peut se procurer moyennant quelques euros l’ouvrage qu’un certain Marcel Loupiac écrivit en 1954 sur les Corbières et le Minervois. Auprès d’un bouquiniste avec de la chance, sur internet en reprise ebook.
Il s’agit d’une sorte de guide touristique assez succinct présentant les principaux lieux de ces régions. Et vous voyez déjà où je veux en venir !
Oui, ce monsieur Loupiac évoque Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains quelques 13ans avant le livre de Gérard de Sède et deux années avant les articles qui lancèrent toute l’affaire dans le quotidien « La Dépêche du Midi ».
Qui était Marcel Loupiac, je n’ai rien trouvé à son sujet. L’ouvrage est préfacé par l’abbé J,-L. Astruc, curé de Termes dans l’Aude.

Mais inutile de vous faire languir d’avantage, voici le texte concernant la région qui nous intéresse :




Fontaine d'amour

Rennes-les-Bains - La fontaine d'amour



RENNES-LES-BAINS

Origine et situation géographique

La station thermale de RENNES-LES-BAINS, située dans le Sud du département de l'Aude, aux confins des Pyrénées-Orientales, se trouve au fond d'un pittoresque couloir que traverse la rivière salée, la Salz. Bâtie contre la montagne, à une altitude de 300 mètres, elle donne aux voyageurs qui la traversent, avec ses maisons aux teintes claires, une impression de calme et de repos.

Au Nord, l'étroite vallée qui y conduit semble gardée, d'un côté, par la masse imposante et majestueuse du Cardou et, de l'autre par le rocher de Blanchefort où disparaissent, battus par les vents d'hiver les derniers vestiges de la forteresse qui servit d'asile à Blanche de Castille, exilée d'Espagne par Pierre le Cruel. Au Sud, l'horizon s'élargit, la chaîne crénelée des Corbières, les ruines du château wisigoth du Bézu se découpent et s'estompent dans le lointain azur.

Les sources thermales de Rennes étaient connues des Gaulois.  Ce fut d'eux, si nous en croyons la légende, qu'elles reçurent leur nom de « REYNES » qui signifiait : EAUX ROYALES. Après l'invasion des Gaules, les Romains, dont on sait le culte pour l'hydrothérapie et qui attachaient une grande importance aux eaux minérales, élevèrent à Rennes des thermes somptueux. A cette ère brillante succéda la sombre époque wisigothe. Malgré cela, Rennes garda longtemps encore sa célébrité, mais par la suite elle dut partager les vicissitudes nombreuses qui, à diverses époques de l'histoire, ruinèrent la contrée : invasions, luttes religieuses, guerres entre la France et l'Espagne. Là, et non ailleurs, est la source de la décadence non méritée qu'elle a subie.

A la période moderne, se contentant d'une clientèle régionale fidèle, que lui ramenait chaque saison d'été, Rennes s'est laissée endormir dans une douce quiétude, se reposant sur sa réputation acquise. Cette situation végétative vient de prendre fin : des esprits entreprenants et actifs ont assumé la tâche de sortir la station de sa trop longue léthargie. Les divers établissements thermaux viennent d'être aménagés suivant les préceptes de la science balnéaire moderne et la clientèle la plus exigeante y trouvera désormais toute satisfaction. Rennes voit ainsi luire à nouveau les beaux jours de son antique renommée dont la gloire rajeunie fait présager une nouvelle période de splendeur et de prospérité pour ce coin un peu perdu des lointaines Corbières.

Car, à l'efficacité de ses eaux, doit s'ajouter, comme attrait pour le baigneur et le touriste, la splendeur de la région. Les Corbières, dans un pli desquelles la petite ville est blottie, méritent d'être connues Monts blanchâtres aux fantastiques silhouettes, lumière aveuglante d'Afrique, roches parfumées de Jérusalem... Dans ce désert de pierres, Rennes est une oasis ; des chênes-verts escaladent les pentes des châtaigniers roux s'accrochent aux berges de la rivière.

La Fontaine ferrugineuse du Cercle coule sous un dôme de verdure, le soleil se joue gaiement dans le délicat feuillage qui
entoure les Sources d'Amour et de la Madeleine. La nappe, petite mais profonde du lac du Barrenc miroite à l'orée des forêts de Bézis et de Monthaut,  aux mystérieuses retraites, aux vertes fondraisons, aux moelleux tapis de mousse sous le couvert des claires hétraies.

A cette altitude d'un peu plus de 300 mètres, le climat est doux et égal, l'air est sec, vivifiant, les brumes inconnues et les nuits d'été délicieusement fraîches.

Jusqu'à maintenant, malades, baigneurs, habitants du pays ne se sont pas doutés des avantages multiples de la station, et seuls peut-être, les vieux bergers qui, durant l'année entière gardent dans cette vallée de la Salz les troupeaux de chèvres et de brebies, ont debouts, pendant de longues heures à contempler l'horizon, rêvés, énigmatiques dans leurs limousines à carreaux tels les Galiléens au seuil de Chanaan, qu'ils étaient aux portes d'une terre promise.


Comment parvient-on à Rennes ?

La gare de Couiza-Montazels, sur la ligne Carcassonne-Quillan, dessert la station. Un service de modernes autobus fonctionne à tous les trains et la durée du parcours Couiza-Rennes, 8 kilomètres environ, est d'une quinzaine de minutes.

Promenades et Excursions

La station est un centre d'excursions fort intéressantes. Elle offre ainsi aux malades le moyen de relever leur santé ébranlée en ajoutant à la cure thermale la cure vivifiante de plein-air. Nous nous bornerons à les indiquer brièvement, voulant laisser aux promeneurs le charme de l'inconnu.

1° Le Cercle — La Madeleine — La Fontaine d'Amour :

A 1500 mètres de Rennes se trouve l’ancienne Fontaine ferrugineuse du Cercle, ou l'on arrive par une belle allée de platanes. Abritée sous un vaste dôme de verdure, elle est la première étape qu'accomplissent les convalescents.

Plus loin, sur la route de Bugarach, au bord de la Blanque, se trouve la Source ferrugineuse de la Madeleine, qui nait dans un nid de fougères géantes, au milieu d'une végétation luxuriante et variée qui ravit les yeux du passant.

Sur la route de Sougraignes, à 3 kilomètres de Rennes, le long de la Salz, on arrive à la Fontaine d'Amour qui disparaît sous les hêtres et les châtaigniers que les habitants du pays entourent de soins jaloux.

3° la Pierre tremblante — le Plat de las Brugos — l'Hermitage :

Au-dessus du Cercle, s'étend, un vaste plateau qui suit à travers les hautes bruyères le chemin pittoresque qui unit Rennes à de petits hameaux : Corne-Sourde et Laval-Dieu. Sur ce plateau se trouve la Pierre Tremblante, énorme rocher posé par une seule de ses arêtes sur un massif de granit et qui jadis se mettait à trembler dès que la moindre poussée, même celle de la main d'un enfant, se produisait sur ses parois.

Près de Laval-Dieu, mais en remontant la rive gauche de la Blanque, on trouve l'Hermitage, caverne sauvage dans un haut vallon, habitée il y a une quarantaine d'années par un vieux militaire du premier Empire, qui s'était retiré là et avait fait de ce lieu sa demeure, habituelle. Jardinier de son état, il avait défriché les terres qui entouraient sa caverne et les avait transformées en un jardin pittoresque, où il recevait la visite des étrangers qui se rendaient aux bains de Rennes.

3° Le Lac du Barrenc — La Montagne des Cornes :

A 4 kilomètres de Rennes, à l'est, a l'entrée de la splendide forêt de l'Etat et sur un plateau assez élevé, existe le lac du Barrenc, nappe d'eau très profonde et dont le niveau ne baisse jamais. On arrive au lac par le village de Montferrand en suivant des sentiers accidentés qui disparaissent à plusieurs reprises sous les bois. On revient par la métairie de la Faiole et la Montagne des Cornes qui tire son nom du grand nombre de coquillages pétrifiés en forme de corne que renferme le sol.

4° Galamus — La Fou — La Forêt des Fanges — La Pierre Lys — Quillan :

Une journée entière est nécessaire pour faire en voiture cette magnifique excursion. Au départ de Rennes, le promeneur suivra la jolies vallée de la Blanque et ses pittoresques rochers appelés « Capucins ». Il traversera le petit village sauvage de Bugarach et, par le col du Linas, Camps et Cubières, il parviendra aux Gorges de Saint-Antoine de Galamus ou de l'Agly, gigantesque crevasse d'une sauvage beauté, creusée dans les entrailles de la terre où l'homme a osé tracer une route, modèle de hardiesse et de science.

Impressionné par la grandeur de ce site sans égal, il continuera sa route vers Saint-Paul où il visitera la Fou, coin d'Orient perdu dans ce désert de pierre, et traversera, en rentrant par Quillan, la Forêt des Fanges qui est une, sans conteste, des plus belles sapinières françaises.

Nous ne ferons que citer encore les excursions suivantes, toutes aussi intéressantes :

La Forêt de Bézis et de Monthaut, avec déjeuner à la maison du garde ; Arques, Serres, La Pierre droite ;  Les Sources salées, retour par Bugarach :

L'Ascension du pic de Bugarach, point culminant des Corbières et avant Mont-Pyrénéens ;

La Visite au Château de Rennes, le Château, ancienne capitale du Razès et bien d'autres encore qne le Syndicat d'initiative de Rennes se fera un plaisir d'indiquer.



La source ferrugineuse

La source ferrugineuse du Cercle près de Rennes-les-Bains


Plusieurs constatations :
Il n’est fait aucune mention du fameux fauteuil du Diable, excursion aujourd’hui pourtant très prisée.
Aucune mention n’est faite non plus des légendes trésoraires ou du domaine de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château que l’ouvrage conseille pourtant d’aller visiter justement pour son château.
Sur le plan du pittoresque au contraire, il est conseillé de se rendre à Laval-Dieu visiter l’hermitage de l'ancien militaire  jardinier.
Le curé de Termes, le préfacier, a possiblement influencé l’auteur mais pas pour évoquer ses anciens confrères Boudet ou  Saunière.
Mais surtout, surtout nous sommes avant que Noël Corbu n'ouvre son hôtel-restaurant !

Christian Attard
23 juillet 2022.





Retour vers la Reine