Le calice du chanoine Grassaud


Calice au pays des merveilles


Le calice offert par l'abbé Saunière à son ami l'abbé Grassaud - (selon l'ouvrage de Jacques Rivière : Le Fabuleux trésor de Rennes-le-château ! Editions Bélisane - 1983)


Le calice offert par l'abbé Saunière à son ami l'abbé Grassaud (selon la famille de l'abbé Grassaud)

C'est probablement un objet clef dans l'histoire de Rennes-le-Château. Le calice qu'aurait offert Bérenger Saunière à son grand ami l'abbé Eugène Grassaud ne cesse d’être évoqué pour tenter de le rattacher à une possible découverte trésoraire. Tout dernièrement, Paul Saussez dans son excellent ouvrage « La crypte oubliée » nous indiquait en page 130 : « Justement, ce sont d’abord des pièces d’orfèvrerie religieuse que Saunière a découvertes, certainement mises à l’abri au moment de la Révolution. Il en a revendu une partie à des antiquaires étrangers, dont Salomon Swaab, comme j’en ai eu la confirmation par des chercheurs hollandais. Il aussi fait cadeau à son confère l’abbé Grassaud de Saint-Paul de Fenouillet d’un calice du XVIII^e siècle, ainsi que Michel Vallet l’atteste pour l’avoir vu chez la famille de l’abbé. » Implicitement, ce calice se rattacherait donc à cette découverte. Mais qu’en est-il au juste de cet objet ou de ces objets ? Car on présente deux calices comme étant l’authentique cadeau de l’abbé Saunière à son ami. L’un aurait été retrouvé par Jacques Rivière à Amélie-le-Bains , paroisse où exerça en effet l’abbé Grassaud, l’autre appartenant à la famille du prêtre. Les différents auteurs de livres ou de blogs sur Internet se recopiant souvent les uns les autres, ont écrit tout et son contraire à son propos. Une recherche est assez édifiante. Pour certains le vase saint remonterait au XIII^e siècle (1) pour d’autres au XVII^e (2). Il est temps peut-être d’une mise au point.


L’hypothèse la plus en vogue aujourd’hui à propos du supposé trésor que Bérenger Saunière aurait retrouvé est celle des biens que le dernier évêque d’Alet, Charles de La Cropte de Chanterac aurait voulu préserver des hordes révolutionnaires en les cachant dans une crypte. Charles de La Cropte de Chanterac, naquit le 6 avril 1724 et mourut en Espagne le 27 avril 1793, on peut donc raisonnablement supposer qu’aucun objet dont la fabrication serait postérieure à 1792, date du départ en exil de l’évêque ne peut donc figurer parmi cet hypothétique trésor.



En 2004, un catalogue de calices (3) datés fut réalisé à partir des pièces répertoriées à l’inventaire général des Monuments historiques. Il présente l’évolution formelle et stylistique des vases sacrés dès leur origine jusqu’aux années 2000. Cet immense travail réalisé par Laurence de Finance n’était accessible qu’aux seul spécialistes, il a été mis en ligne en 2021. On peut ainsi parfaitement dater le calice montré comme étant celui donné à l’abbé Grassaud, tout simplement en le resituant parmi la collection précisément étiquetée dans le temps de madame Laurence de Finance. Les trois planches ci-dessous affichent cette évolution. La première montre des calices tels qu’a pu les tenir monseigneur de la Cropte de Chanterac, les deux suivantes des calices tels que celui donné à l’abbé Grassaud.







On ne peut que constater aussi bien pour un calice que pour l’autre que le noeud central à cabochons de la tige du calice Grassaud, la finesse de cette tige et les surcharges historiées du pied n’apparaissent conjointement, au plus tôt, qu’à partir de 1850 soit plus de soixante années après le départ du dernier évêque d’Alet en Espagne. Cela ne nous permet cependant pas d’affirmer qu’aucune pièce de valeur appartenant à l’évêché d’Alet n’ait pu être cachée à Rennes-le-Château mais on ne peut en tout cas sûrement plus s’appuyer sur ce calice pour le démontrer. Christian Attard 3 juillet 2023. Michel Vallet en date du 4 septembre 2023 nous donne ces compléments d'informations sur son site : https://tresor-rennes-le-chateau.net
Notes : 1 - Voir cet article de La France pittoresque : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14748 2 - Voir cette page où l'on notera que la photo du calice ne correspond pas à celle du livre de Jacques Rivière : http://www.rennes-le-chateau-archive.com/bs_les_annees_decouvertes.php 3 - Document consultable à cette adresse : https://hal.science/hal-03184383/document
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