Le grand absent - 2





Les Bergers d'Arcadie

"Les bergers d'Arcadie" de Nicolas Poussin




On peut écrire des dizaines d'ouvrages, faire des conférences, donner des interviews, participer à des documentaires, est-ce pour autant que l'on s'appuie sur la logique car il vaut mieux oublier la raison ?

Ainsi, si se trouvait dans le Razes le tombeau de Marie-Madeleine pourquoi celui qui l'a trouvé ou retrouvé ne s'en serait-il pas vanté ? On connait au moins trois endroits qui se sont prévalus de conserver le corps de la sainte aux onguents. Il n'y avait pas grand secret à en trouver un de plus.

En toute logique donc, si Saunière, Plantard ou Cherisey avaient trouvé quoique ce soit, ils n'avaient que le choix suivant : ou tout révéler ou se taire. Or pourquoi se taire si ce n'est parce que l'objet de cette découverte est destabilisant, source de scandale.
"Malheur à qui le scandale arrive" nous rappelle saint Matthieu. Il est donc probable que l'objet de cette découverte n'ait été par trop dangereux car alors pourquoi avoir fait en sorte que d'autres qu'eux en viennent à le trouver par une succession laborieuse de codes et d'indices ?

Se plaçant résolument dans la filiation de Nostradamus et de son Grand Romain, pas plus que le mage de Salon (de Provence), ces hommes ne pouvaient à leur époque montrer de peur des conséquences de leur découverte sur la stabilité du monde occidental. Du moins, le pensèrent-ils... ou le laissèrent-ils à penser !


Au fond qu'émerge-t-il de toute l'histoire de Rennes et des mystères tournant autour de Bérenger Saunière, vers quoi nous ramène-t-on sans arrêt ?

Quelques symboles simples, quelques objets récurrents : des grottes, des ermites qui eux mêmes nous ramènent à leur grotte, un pape, ermite lui-même, des tombeaux et dans ces tombeaux un mort mystérieux.

Ainsi dans la fameuse sentence :

BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR  LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES.

Tout le monde perçoit que Poussin et sa bergère ne sont là que pour nous conduire à un certain tombeau et que Téniers sans tentation, et même s'il a peint tellement de grottes et de Saint Antoine, va induire dans nos esprits cette sombre cavité. Pourtant le concepteur de cette infernale anagramme a quand même choisi avec précision ses mots et sa symbolique.

A y regarder de plus près, là encore, la piste de notre bon St Pierre n'est pas sans intérêt.





Clef de voute
Conques

Clef de voute de St Pierre
(Source : http://abbatiale.st-jouin-de-marnes.pagesperso-orange.fr)
St Pierre sur le tympan de Conques (Aveyron)
(Source : http://www.art-roman-conques.fr)




Si l'on veut bien considérer que la première partie de la phrase pourrait nous indiquer l'objet de notre quête, alors d'étonnantes remarques peuvent encore être émises.

Ainsi, un symbole est bien indissolublement associé à Saint Pierre et à lui seul, la clef. Or notre phrase insiste bien : Poussin et Téniers gardent la clef ! Celle de notre énigme certes mais cette clef n'implique-t-elle pas une pensée incontournable vers celle que le premier des Apôtres a reçue en charge ? N'est-il pas le gardien de la clef ? N'est-ce pas ainsi que le présente la tradition iconographique de l'Eglise ?

Sur la clef de voute de l'abbatiale de st-Jouin-de-Marnes dans les Deux-Sèvres, St Pierre porte dans sa main droite la croix inversée de son martyre et dans sa gauche, la clef du Paradis.

Les bergers d'Arcadie ne nous renvoient-ils pas à un tombeau de...Pierre ? N'est-il pas au fond, ce célèbre tableau, l'un des seuls à représenter une monumentale tombe de pierre ?
Et Téniers, si l'on veut bien oublier un temps ses nombreuses Tentations comme nous le suggère "la phrase", n'a-t-il pas, par deux fois peint des épisodes "clefs" de la vie de St Pierre. Episodes où Pierre, justement était sous bonne clef.





Le reniement de St Pierre

La libération de St Pierre - David Téniers (Le jeune) -1646
Musée du Louvre




La libération de St Pierre

Le reniement de St Pierre - David Téniers




Poussin et Téniers gardent donc le tombeau et la grotte et Pierre lui même garde la clef !


Et ce Pax, dont on sait qu'il reprend les lettres du symbole christique, comme nous le rapelle Adela sur son site le coin de l'énigme n'est-il pas repris par la papauté, ne devient-il pas aussi le mot de reconnaissance des bénédictins et de l'abbaye de Saint-Maur chère à Rabelais ? Mais cela devient déjà une toute autre histoire ...

Et à propos encore de cette fameuse phrase, deux mots entrent dans son processus de décodage les fameux Mort et Epée. A leur propos, relisons ce qu'en disait  Pierre Plantard leur de son analyse de Saint Sulpice :


"Celui qui visitera ce lieu aura matière à réflexion; il y trouvera notamment, de part et d’autre de la ligne du méridien, deux tableaux de Signol: la Mort de Jésus et l’Epée au fourreau. "MORT" et "EPEE" sont aussi les deux mots qui apparaissent anormalement dans l’épitaphe de la pierre tombale de la marquise de Blanchefort, de Rennes-le-Château."  Pierre Plantard (1)

Celui qui tire l'épée du fourreau est bien Pierre, comme nous le précise l'Evangile de Jean  en 18.10 et 11 :


Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus.

Jésus dit à Pierre: Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire?



L'arrestation de Jésus
L'arrestation de Jésus
Anonyme vers 1520 - Musée des Beaux-arts de Dijon
(source libre wikipédia)




Pierre qui n'était pas un tendre si l'on en croit l'évangéliste Jean !  Et Plantard d'insister encore sur le P et le S dans son fameux Serpent rouge. La ronde de Pierre et de Simon, deux prénoms pour un même homme.

"Ah non, c'est un peu court jeune homme ? "

Certes, certes, mais on peut, oh Dieu, dire encore bien des choses en somme. A suivre donc !





Christian Attard






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